Décembre 2011
Je me promène dans mon jardin. Le coup de vent de ces derniers jours a fini de faire tomber les feuilles et si les arbres sont frileusement nus, le sol est recouvert d’une épaisse couche odorante où les pieds s'enfoncent.
Je vais de surprise en surprise ! Les roses s’obstinent à fleurir, de timides campanules campanellent ça et là, géraniums, œillets d’inde et autres fleurs continuent à orner mes massifs.
Tout à coup, alors là je n’en crois pas mes yeux, de superbes pavots s’épanouissent, pavot rouges, somnifères…c’est hallucinant… !
Je sais que depuis le début de l’année, après un hiver rigoureux et long, un printemps qui s’est voulu été, ce dernier, vexé d’avoir été devancé, a boudé dans la grisaille et la pluie. Septembre a chassé sa mauvaise humeur et avec son copain octobre, ils nous ont redonné chaleur, ciel bleu et soleil pour notre plus grand bonheur.
Décembre essaie, comme son prédécesseur novembre, de leur ressembler mais malgré tout leurs efforts, l’illusion est loin d’être parfaite même si nous nous réjouissons de cette température inopinément douce.
Troublée par tout cela, je ne peux m’empêcher d’en faire la réflexion aux papavéracées :
- « Certes, c’est merveilleux de vous voir si beaux mais franchement, à cette époque, n’est-ce pas de la folie ? Avez-vous pensé que même si vos fruits se forment, les graines n’arriveront pas à maturité et seront perdues pour l’année prochaine ? Vous jouez à quoi ? »
Mes pavots redressent la tête, outragés d’entendre ces propos, et je sens leur mécontentement :
- « De quoi nous accuses-tu ? Nous les végétaux, comme nos frères les animaux, suivons notre instinct tout simplement et celui-ci nous dit que nous devons éclore. Les insectes continuent à se reproduire, papillons, abeilles, cherchent encore le nectar et notre pollen aux heures chaudes et ce n’est pas de notre faute si la Terre ne sait plus où elle en est ! Nous te rappelons aussi, que vous êtes les êtres supérieurs, pensant, réfléchissant et sensés tout savoir, du moins le croyez-vous ! Alors, que faites-vous pour que tout rentre dans l’ordre ? Que pouvez-vous faire ? Vous êtes tellement imbus de vous-mêmes que vous croyez même être à l’origine des désordres actuels ! Il est vrai que vous n’avez pas beaucoup de recul et que vous cumulez bien des erreurs mais vous n’êtes guère plus que nous devant les forces de l’Univers. Alors, réfléchis avant de parler et contente-toi du plaisir de nous admirer et de nous aimer car nous savons que tu nous aimes. »
Moi, la donneuse de leçons, j’ai humblement acquiescé, remise à ma place et je veux simplement vous faire partager ce qui vient de m’arriver !