La Petite Huître

Publié le par aube-miracle

 

C’est avec beaucoup de poésie et aussi d’inspiration que mon amie allemande, Isabella, a écrit cette jolie fable. Mais est-ce vraiment une fable ? Cela illustre ce que j’essaye de vous faire partager, la certitude de ce trésor qui est trop souvent caché au plus profond de nous et qu’il faut absolument chercher et retrouver si nous voulons nous accomplir.

 

Merci Isabella !

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La Petite Huître par Isabella Ben Charrada

Il était une fois une petite huître qui vivait avec sa Maman-huître et son Papa-huître dans le vaste océan.  Petite-huître battait des coquilles, les ouvrait et les refermait et sentait l’eau la traverser avec douceur, et se sentait bercée par les vagues.  Elle jubilait et s’écria de joie : “ Maman ! Maman ! Viens! Viens danser avec moi! Sens comme il fait si bon tout autour!”. Mais Maman-huître se contentait de lui répondre : “Joue toute seule, je suis occupée ! ”. Petite-huître referma sa coquille. Mais quand elle entendit les murmures de l’océan au-dehors, la curiosité l’attira au-dehors et elle rouvrit sa coquille. Peut-être que Papa est dans les parages ? Peut-être que Papa pourrait danser avec elle ? “Papa! Papa! Viens…!” Mais Papa-huître travaillait dur.  Maman-huître activait ses coquilles, allait de-ci-de-là et travaillait dur aussi.

Alors Petite-huître s’amusait seule, ouvrant ses coquilles, regardant au dehors, riant des sauts et des bonds d’un hippocampe, s’émerveillant des poissons multicolores, se frottant contre les coraux ou cherchant d’autres enfants huîtres.  Elle attendait Maman-huître pour pouvoir tout lui raconter.  Mais Maman-huître fit claquer ses coquilles et se fâcha : « Arrête donc de rêvasser ! Il y a tellement à faire ! Maintenant, je n’ai pas le temps ! » – « Quand en auras-tu ? » demanda Petite-huître, les coquilles grandes ouvertes, pleine d’espérance. « Ça suffit ! » claqua Maman-huître en repoussant Petite-huître qui roula presque jusqu’au fond de l’océan.

A ce moment, Petite-huître resserra ses coquilles et entendit les ténèbres chuchoter : « tu es une vilaine huître ! Maman ne peut pas aimer les vilaines huîtres ! ».

Avec le temps, Petite-huître devint de plus en plus réservée et ses coquilles s’épaississaient de plus en plus, mais elle ne désespérait pas de faire danser Maman-huître avec elle. Elle l’attendait et l’attendait toujours.  Dès qu’elle percevait une ondulation venant de sa maman, elle nagea vers elle et ouvrit ses coquilles. Mais hélas ! Maman-huître ne jouait que très rarement avec Petite-huître !

Un jour, Papa-huître et Maman-huître se disputaient, se pinçaient avec leurs coquilles et provoquaient des tourbillons d’eau.  Petite-huître se sentait alors prise par ce tourbillon et se renferma dans sa coquille.

Elle entendit à nouveau les ténèbres murmurer: “C’est à cause de toi, vilaine huître, que Maman et Papa se disputent. Qu’as-tu fait ? Tout est de ta faute, tu n’es qu’un vilain coquillage ! ».  Effrayée, Petite-huître ouvrit ses coquilles et s’écria : « Maman, Papa ! ». Mais dans le déferlement, Petite-huître fut tellement secouée qu’elle roula jusque tout au fond de l’océan. Avant même qu’elle puisse refermer sa coquille, un gros grain de sable s’introduit jusque dans sa chair. Ce moment fût le début d’une violente douleur qui allait accompagner Petite-huître.  Cette douleur prit diverses formes, tantôt aigüe, tantôt lancinante, mais ne la quitta jamais.

Un jour, Papa-huître disparut et Petite-huître sut alors que son Papa ne voulait pas avoir à faire avec une vilaine huître comme elle !

En grandissant, Petite-huître se fit une coquille épaisse et dure, mais secrètement, elle nourrissait encore le désir que Maman-huître joue avec elle.  Il était rare qu’elle ouvre grand ses coquilles ou qu’elle se sente bercée par le mouvement des vagues.  Elle s’enferma dans sa coquille et entendit les ténèbres: “Maman-huître va-t-elle s’en aller aussi?”. Mais parfois l’océan était si doux que Petite-huître reprit courage pour s’ouvrir et regarder au-dehors.  Un jour, elle rencontra un hippocampe et l’invita pour le goûter.  L’hippocampe l’accompagna et arrivée à la maison, Petite-huître s’écria : « Maman ! Regarde qui est là ! ». Mais Maman-huître était tellement affairée à ce moment qu’elle se frotta les coquilles et lui répondit: “Tu ne peux pas amener ainsi qui bon te semble!”.

Pendant un long moment, Petite-huître ne revit plus l’hippocampe. Son cœur avait tellement de peine que ses battements étaient tantôt monotones, tantôt violents, l’obligeant à errer jusqu’à ce que la douleur disparaisse.

Un jour, elle entendit appeler au loin.  Avec précaution, elle entrouvrit sa coquille et regarda au-dehors. Oh ! L’hippocampe ! Bonjour ! Bonjour! s’écria-t-elle en se déployant.

“Mais tu as une perle! Lui dit l’hippocampe stupéfait et admiratif.

“Une perle? Moi? Où? se demanda Petite-huître.

L’hippocampe se mit à la taquiner et ne put plus s’arrêter.

Petite-huître se blottit dans sa coquille et s’en alla, mais soudain elle se sentit balancer vivement. Timorée, Petite-huître ouvrit sa coquille et percuta presque l’hippocampe.

“Oh, Petite-huître! Je ne me moque pas de toi! Je suis seulement heureux et je te taquine parce que tu as une perle en toi et que tu l’ignores ! Ce devait être un grain de sable – tu l’as travaillé, bien enveloppé et maintenant c’est devenu une perle. Cette perle grandira avec toi ! Et si tu le souhaites, tu peux l’offrir ! Quand tu auras disparu, la perle restera!” – “Ma perle? murmura Petite-huître.

par Isabella Ben Charrada

 

Publié dans réflexions

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