Chapitre 5

Chapitre 5.

Après un dernier regard sur tous ceux que nous aimions et qui étaient réunis sur le seuil de la villa pour un ultime salut, nous éperonnâmes nos chevaux et c'est au galop que nous quittâmes notre jeunesse.

Arrivés à Rome, je t'accompagnai jusqu'à ton monastère, modeste bâtisse un peu en retrait de la ville, abritée par des pins centenaires et des cyprès. Tout ici respirait la paix, même le silence et j'en fus heureux pour toi Petit Frère. Oui, ce lieu te convenait, tu étais là à ta place et je sentis que la part de moi que tu portais en toi y trouverait la sérénité qui m'était nécessaire.

- Tu viendras me voir tous les soirs après ton service Joanes ? Promis ? Nous aurons tant de choses à nous raconter, toi surtout.

- Promis mon Frère. Tu vois, ce n'est pas si difficile de se quitter, nous ne serons pas très éloignés !

Pas difficile, c'est vite dit, l'un comme l'autre trouvions toujours quelque chose à ajouter pour retarder le moment de la séparation. A la fin, cela n'avait plus de sens et nous éclatâmes de rire.

- Tu as raison Joanes, c'est très facile de se quitter !...

Une dernière étreinte virile, un sourire qui se voulait courageux, un regard où passa tout ce qui était informulable et chacun de nous fit le premier pas vers son destin.

* * *

Que dire de cette première journée de vie militaire ? Formalités, essayage d'uniforme, remise d'armes, elle passa vite. Mes nouveaux compagnons me testèrent, m'étudièrent et j'en fis autant pour eux.

Ce corps de légion était apparemment composé de fils de bonne famille qui comme moi n'avaient ni vocation particulière, ni place à tenir dans leur Maison. Il y avait aussi des plébéiens, garçons intelligents et courageux, ayant un vif désir de sortir de leur condition.

Bien que notre père n'ait pas usé de son influence, le seul nom que je portais sembla auréoler ma petite personne et les officiers me firent un accueil un peu trop chaleureux et empressé pour le simple soldat que j'étais. Ils me firent comprendre à mi-mot que très vite, je rejoindrais leurs rangs.

En somme, tout se présentait assez bien et l'inquiétude du matin devant cette nouvelle vie, s'estompa rapidement.

Bien que mal à l'aise dans ma tenue faite de cuir, de métal, de drap pourpre et surtout avec ce casque encombrant, contraignant pour qui a toujours été tête nue, je me trouvais très beau, très martial. Je me sentais enfin un homme, libéré de tous les liens familiaux, livré à lui-même, un être responsable, avec la vie devant lui.

J'avais quand  même hâte d'être libre pour te retrouver et partager tout cela avec toi, aussi c'est un jeune homme fringant et se voulant sûr de lui, qui se présenta le soir même à la porte du monastère.

J'avais quitté mon uniforme et eus un choc en te voyant en robe longue, brune, en vêtement de pauvre. Mais ton sourire lumineux et la chaleur de ton regard, la force de notre étreinte, me firent vite oublier cette première impression. Tu m'entraînas dans le jardin et nous nous assîmes sur un banc de marbre dans l'ombre lourdement parfumée des résineux.

Nous nous scrutâmes un instant en silence et à la même fraction de seconde, ouvrîmes la bouche :

- Oh ! Petit Frère, j'ai tant  de choses à te raconter !

- Attends !

- Attends !

- Toi d'abord, vas-y.

- Vas-y, commence !

Nous éclatâmes de rire, c'était toujours pareil. Tant bien que mal, chacun essaya de placer son histoire, coupant la parole à l'autre, essayant de reprendre le fil, s'y perdant, retrouvant l'autre et finissant ses phrases, un duo plutôt qu'un duel verbal ! Finalement, nous arrivâmes à une certaine cohérence et après ton récit, je compris que tu avais trouvé ta voie. Le mien te rassura. La nuit était tombée depuis longtemps lorsqu’à contrecœur, nous nous quittâmes non sans avoir décidé que tous les soirs, je te rejoindrai.

Le lendemain, ce fût ton tour d'être choqué en me voyant. Mes cheveux bouclés avaient subi le triste sort de ceux des nouveaux soldats et il en restait si peu qu'ils étaient raides. Pour la première fois, nous étions différents physiquement. Tu en eus les larmes aux yeux, curieusement affecté par ce qui n'était qu'un détail par rapport à tout le reste !

Un jour, je vins te voir en uniforme, tout fier de ma prestance mais tu eus un haut de corps en me voyant :

- Je t'en prie, ne reviens jamais me voir ainsi habillé, jamais tu m'entends ! Je déteste cela.

- Mais pourquoi ? Je suis un légionnaire, tu l'as oublié?

- Non, Joanes. Mais là, je viens de prendre brutalement conscience que tu étais un soldat et cela ne me plaît pas.

- Tu es injuste Marianus. Tu sais que je n'ai pas choisi ce métier, c'est pour te suivre, pour être près de toi que je l'ai accepté.

- Pardonne-moi mon frère, tu as raison. Mais les hommes qui ont tué Jésus étaient vêtus comme toi.

- C'est totalement faux et tu le sais ! Ce sont ses frères, les Juifs qui l'ont condamné, il les gênait trop. Les Romains n'avaient rien contre, certains l'ont même suivi.

- C'est quand  même un soldat romain qui l'a achevé d'un coup de lance !

- N'as-tu jamais pensé que c'était juste un geste charitable pour mettre fin à son supplice ?

- C'est lui qui lui a donné la mort.

- Oh ! Marianus, tout cela est stupide, aie un peu de bon sens. Ce sont ceux qui jugent, qui condamnent, les coupables, ceux à qui le crime profite. Et ceux-là, c'étaient les Hébreux. Le seul romain qui a eu à se reprocher quelque chose c'est Ponce Pilate. Il a laissé un problème juif se régler entre juifs, sans intervenir, en s'en lavant les mains. Et encore, il a tellement culpabilisé qu'il en est devenu fou et s'est suicidé.

- Tout cela est vrai, tu as raison mais il n'empêche que je n'aime pas les soldats dont le métier est de tuer.

- J'espère n'avoir jamais à le faire ! N'oublie pas que l'armée a avant tout un rôle protecteur et dissuasif.

- Là Joanes,  je crois que c'est toi qui rêves. Les conquêtes ne se font-elles pas toujours dans le sang ?

- Ah oui ? Et la conquête des âmes, elle se fera comment ?

- Comme le Christ nous l'a enseigné, dans l'amour, la charité et la paix.

- Je souhaite que tu aies raison mon frère, mais l'histoire le prouve, il arrive toujours un moment où l'intérêt, le besoin de pouvoir prennent le pas sur la foi. Puisque nous en parlons, regarde l'histoire du peuple hébreu : la fuite d'Egypte, Moïse, les Tables de la Loi, tout cela est bien loin de la réalité actuelle. Le Message de Dieu a été trahi.

- C'est bien pourquoi le Christ est venu et cette fois, il n'en ira pas de même.

- Que le Ciel t'entende, Marianus mais permets-moi d'en douter !

J'étais révolté par ton attitude et ton aveuglement.

- Encore une chose. Jésus n'a-t-il pas prêché la tolérance à maintes reprises ?

- Oui.

- Et tu ne crois pas en manquer à mon égard en ce moment ?

- Si mon frère, c'est vrai, mais j'ai tellement la violence en horreur !

- Toi qui me connais mieux que personne, me trouves-tu violent ?

- Non, mais je t'en prie ne le deviens jamais.

- Soldat de la paix, promis, soldat de Dieu comme je disais étant enfant !

* * *

Jamais tu ne vins me voir à la caserne et cela me peina beaucoup. J'aurai tant aimé que tu connaisses l'endroit où je vivais, mes camarades, mes chefs, tout ce qui faisait ma vie. Mais tu refusas toujours, bien que rien ne t'en empêche.

En plus de l'enseignement que te dispensaient les prêtres, tu passais de nombreuses heures en prière, en méditation et de plus en plus fréquemment tu écourtas nos rendez-vous du soir.

J'avais l'impression d'être toujours ton jumeau tendrement chéri, le lien entre nous était aussi fort qu'avant, mais quelque part en toi, tu occultais l'homme que je devenais.

Il m'arriva de renoncer volontairement à notre rencontre et le lendemain, tu acceptas sans sourciller mon excuse. Ce fût toi qui un autre soir me demandas de m'abstenir. Peu à peu, ton Dieu envahissait ta vie, te faisait vivre en marge de la réalité. Tes pensées pour moi se transformèrent en prières, tu vivais spirituellement pour nous deux et ainsi, paradoxalement, j'étais tellement présent en toi que je ne manquais pas.

Il n'en allait pas de même pour moi.  J'avais besoin d'une présence tangible, d'un contact physique, d'entendre ta voix et cette période me fût extrêmement pénible. Il m'arriva de plus en plus souvent de penser à ton Dieu comme un rival et je me pris à le détester, en pleine révolte contre Lui.

Heureusement, la vie à la caserne me plaisait assez. J'y faisais beaucoup de sport, je me familiarisais au maniement des armes et avais aussi la chance d'y pratiquer le chant et la musique.

J'avais jusque là tenu mes distances avec mes compagnons mais ma solitude me rapprocha d'eux. J'appris à les connaître, à les apprécier. Pour beaucoup d'entre eux, leur état était une sinécure et ils étaient de joyeux garçons qui pensaient surtout à s'amuser.

Les soirées où je ne te rendais pas visite, je pris l'habitude de sortir avec eux et je découvris peu à peu un monde insoupçonné. Je crois qu'au début, ils me ménagèrent et même s'il nous arrivait de nous livrer à quelques excès de boisson, nos virées nocturnes restèrent dans les limites de la bienséance.

Quand l'appel des sens se fit trop fort, je dus me résoudre à les assouvir avec les prostituées qui ne manquaient pas dans notre sillage. Combien à ce moment là je regrettais les jeux de l'amour que nous pratiquions sainement et joyeusement avec les filles de notre maisonnée. Il m'arrivait parfois de tomber sur une comparse qui leur ressemblait et j'essayais en vain d'établir avec elle un semblant de lien mais elle s'y refusait obstinément. Je mis donc ma nostalgie de côté et me contentais des amours vénales, comme les autres.

Peu à peu, ils m'entraînèrent dans les bas-fonds de cette Rome aux mille visages. Là, le vice régnait dans toute sa splendeur. Plus ma peine grandissait, plus je m'adonnais à la boisson, au jeu et prenais un plaisir malsain à me jeter dans de violentes bagarres.

Je rends grâce à mes compagnons de m'avoir souvent tiré de situations scabreuses, en se jetant dans la mêlée pour me protéger. Je dois avouer qu'ils ne comprenaient rien à mon comportement, j'étais si vite passé d'un extrême à l'autre ! Je me gardais bien de te raconter mes frasques et mettais sur le compte de maladresses au cours des manœuvres, les bleus et petites blessures, inévitables souvenirs de ces soirées torrides.

Fort heureusement, mes supérieurs ne surent rien de ces turpitudes, du moins au début. Nous ne fréquentions pas le même monde et ils étaient loin d'imaginer que le fils du noble patricien qu'était notre père, puisse être tombé si bas.

Je me sentais incroyablement seul, ne pouvant me confier à personne car je n'avais pas d'ami et n'osant te parler pour ne pas démériter à tes yeux. Je ne t'en voulais pas mais avais horriblement honte de moi et pour oublier, je m'enfonçais toujours plus dans la débauche.

Heureusement, ma robuste constitution et la vie saine que je menais le jour, me permirent de ne pas y laisser ma santé physique et mentale, mais peu à peu je changeais et devenais plus dur.

* * *

Après quelques mois, j'obtins un congé exceptionnel de plusieurs semaines et tes prêtres lorsque tu le leur dis, pensèrent qu'il serait bon pour toi aussi de faire un retour à la vie familiale. Ils étaient hommes sensés et je crois que ton zèle les effrayait un peu.

La joie de nos parents et de la maisonnée nous fit chaud au cœur et nous prîmes conscience du manque que nous avions au fond de nous-mêmes et combien nos racines étaient fortement ancrées là où nous avions toujours vécu.

Dire que la vie reprit comme avant serait exagéré car au delà des apparences, nous n'étions plus les mêmes. Malgré tout, nous retrouvâmes nos activités, nos habitudes et notre chère complicité juvénile.

La curiosité de nos parents fût en partie satisfaite, mais toi comme moi passèrent sous silence tout ce qui aurait pu les inquiéter. Ils furent sensibles à notre changement. Bien que fatigués tous les deux, nous avions bonne mine. Notre apparence physique avait évoluée. Nous étions devenus des hommes dans notre corps comme dans notre comportement. La plus marquée par cela, fût notre mère qui, elle dut le sentir, avait définitivement perdu ses petits enfants.

Cette période de recul avec ma vie romaine me fit du bien et je pris conscience de la stupidité de mon comportement. Combien il avait fallu que je sois perturbé pour en arriver là.

Parcourir le domaine à pied ou à cheval, retrouver cette terre tant aimée, sa beauté et sa richesse, cette nature généreuse où je me retrouvais, me fit comprendre à quel point je m'étais fourvoyé en acceptant de devenir légionnaire. J'étais fait pour elle, pour cette vie de campagnard et je regrettais amèrement d'y avoir renoncé pour suivre une chimère, une illusion, celle d'être toujours aussi proche de toi, Petit Frère.

Ce n'était pas la distance qui était cause de notre éloignement, mais bien ta foi dévorante qui ne laissait place à un autre amour que celui de ton Dieu. Tu ne t'en rendais même pas compte et un jour, j'essayai d'aborder le sujet.

- J'ai l'impression de te perdre Marianus.

- Me perdre ? Tu es fou ! Mon jumeau tu es et seras toujours, rien ne pourra nous séparer !

- A Rome, nous ne nous voyons presque plus et cela me manque.

- Mais tu es toujours avec moi, dans mes pensées, dans mes prières. C'est à la vie à la mort toi et moi, tu le sais, nous n'y pouvons rien et cela durera jusqu'au terme de notre existence.

Tu avais l'air sincère et profondément choqué. Je poursuivis :

- Que sais-tu de moi, de ma vie, de mes problèmes ? Sais-tu seulement comment je vais, si je n'ai pas de gros ennuis !

- Mais Joanès, tu me le dirais, n'est-ce pas ? Je crois que, même sans cela, je le sentirais, j'ai toujours su quand tu en avais.

Je fus tenté de tout te dire mais tu étais tellement paisible, heureux, que j'y renonçai. J'avais choisi, je devais assumer.

- Tu ne m'as pas répondu ? Tu te confierais à moi, n'est-ce pas ? Tu sais que je suis prêt à tout pour toi.

Prêt à tout, cela restait à démontrer et je ne pus m'empêcher de dire :

- Même à renoncer à la prêtrise pour ma vie, mon salut ?

Tu réfléchis longuement, le front barré de deux rides, avant de répondre d'une voix grave :

- Et bien, s'il le fallait, oui. Je crois que si je devais sauver une seule âme, une seule vie, ce seraient les tiennes. Je pense que c'est ce que Dieu voudrait puisqu'Il nous a fait si semblables et si proches que te perdre serait aussi me perdre.

- Merci Petit Frère. Tu ne peux savoir le bien que tu viens de me faire.

- Quelque chose ne va pas Joanes ? Tu me sembles si troublé ! C'est vrai que j'ai vécu mon bonheur égoïstement. C'est vrai aussi que nous voyons moins souvent et que nous ne nous racontons plus tout comme avant mais, est-ce que cela affecte nos sentiments, notre lien ?

- Ni l'un ni l'autre Marianus ! Ne te fais pas de souci pour moi. De toute façon, ma vie va changer. J'ai décidé de tout faire à notre rentrée pour devenir officier. J'ai besoin de responsabilités.

- C'est curieux, j'étais pourtant persuadé que le retour au bercail avait ravivé en toi l'amour de la terre et que tu allais renoncer à ta carrière pour t'occuper du domaine, même sous les ordres de notre frère !

- Qui t'a mis cette idée en tête ?

- Oh! Tu penses parfois si fort Joanes ! Avoue que j'ai raison, tu es tenté de le faire, n'est-ce pas ?

- C’est vrai, j'y ai pensé. Travailler avec notre aîné ne serait plus un problème maintenant. Quand on a vécu plusieurs mois commandé par une bande d'officiers subalternes stupides, cruels et prétentieux, le reste n'est rien !

- Alors fais-le, je t'en prie. Je suis intimement persuadé que là est ta voie, ton bonheur, ton épanouissement. Tu pourrais venir souvent à Rome, nous nous verrions tout autant qu'avant.

- Mais que penseraient nos parents de ce revirement ?

- Oh! Alors là, aucun problème, ils n'ont jamais été convaincus de ta vocation de soldat.

- Je t'avoue que je ne sais plus où j'en suis. Il me faut réfléchir. C'est une grave décision à prendre.

- Plus grave que tu ne le penses ! Mon frère, j'ai fait plusieurs fois des rêves qui sont prémonitoires, j'en suis sûr. Des rêves de guerre, de mort où à chaque fois je te vois combattre et tomber ensanglanté au milieu de centaines de corps. Je ne suis pas influençable tu le sais, mais ces images m'ont terriblement marqué, aussi je t'en supplie, renonce.

- Es-tu bien sûr de ne pas me faire une sorte de chantage, Marianus ?

Je souriais, mais au fond de moi, j'étais inquiet.

- Non, sur ma foi ! Je t'adjure de renoncer quand il est encore temps. Soyons lucides Joanes. Tôt où tard nous serons séparés. Alors suivons chacun la voie que Dieu a tracée pour nous. Nous y trouverons la paix, l'harmonie et ne perdrons pas le contact comme il semble que nous l'ayons fait ces derniers mois. Je ne suis pas dupe tu sais, j'ai réfléchi et j'ai compris que tu as vécu des moments difficiles où je n'ai pas été à tes côtés pour t'aider.

Ton visage était grave.

- Je m'en veux et je t'en veux de ne pas avoir eu suffisamment confiance en moi pour me parler. Ce qui est fait est fait mais à l'avenir, quelle que soit la distance qui nous sépare, nous devrons être à l'écoute l'un de l'autre.

- Tu as l'air de dire que bientôt nous serons séparés ? Me caches-tu quelque chose, toi aussi ?

- Non. Mais je pense que je suis prêt. Il est donc probable qu'un jour ou l'autre je parte pour apporter aux autres la Parole. Ne fais pas cette tête là, c'était prévu, Petit Frère !

- Oui, je sais mais c'est quand même dur.

- C'est la vie que j'ai choisie et l'heure sonne pour toi de décider de la tienne.

Nous restâmes silencieux, épaule contre épaule, perdus dans nos pensées, dans ce coin de jardin à l'abri des regards, qui avait entendu tant de nos confidences d'enfants et d'adolescents.

Je réfléchissais à mon avenir et je sentais que tu priais pour que mon choix soit inspiré.

Le temps coulait lentement et peu à peu, il me sembla que les ténèbres se dissipaient, qu'une douce lumière me montrait la route à suivre. Un bonheur immense m'envahit.

- Marianus, j'ai pris ma décision. Je reste au domaine, si la famille l'accepte, bien sûr !

Je n'oublierai jamais ton regard intense, heureux. Ton visage était transformé. Nous nous jetâmes dans les bras l'un de l'autre en laissant couler sans pudeur les larmes qui nous lavaient de toute souffrance, de toute amertume, larmes purificatrices et bienfaisantes.

* * *

La famille ne souleva aucune objection lorsque nous lui fîmes part de mon désir et Aurélien notre frère, sembla même très heureux.

- Je crois que tu fais le bon choix Joanes. Il y a largement de la place pour deux sur le domaine. Ton aide et tes connaissances me seront précieuses. J'ai souvent regretté ton départ tu sais !

Il me semblait rêver ! Ainsi tout était donc possible ? Je me sentis un autre homme, un garçon heureux, libre et fort qui pouvait enfin se tourner vers l'avenir

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